Communication : Quel(s) corpus pour une approche interculturelle des discours sur le goût ?

Colloque « GOÛT ET IDENTITÉS CULTURELLES », MSH Dijon, 17-18 décembre 2014

Quel(s) corpus pour une approche interculturelle des discours sur le goût ?

À la suite des pistes tracées dans deux travaux précédents (Gautier 2014a, 2014b), la présente proposition de communication – qui s’inscrit à l’intersection entre les thématiques 1 et 3 de l’appel à communications – vise à discuter la question des critères de constitution de corpus pour toute étude visant une approche croisée, plurilingue et pluriculturelle, des discours sur le goût. Cette problématique générale sera illustrée ici à travers l’exemple de la description des vins, en situation de dégustation, mais pas uniquement. Le point de départ de la réflexion résidera dans le rôle joué par le langage dans toute communication autour du produit qu’est le vin. Cette dimension proprement linguistique et matérielle (en ce qu’elle se réalise par des signifiants langagiers), pour aussi banale qu’elle puisse paraître, est en effet souvent négligée au profit d’approches tantôt macrocommunicatives, tantôt sensorielles, comme si chacune pouvait exister sans un recours réfléchi aux mots.

Il s’agira donc de s’interroger dans un premier temps sur les types de sources potentielles à envisager pour arriver à couvrir, au maximum, le champ communicationnel concerné. Nous reprendrons, pour l’affiner, la typologie proposée dans Gautier (2014b) et distinguant : (i) les discours réglementaires, (ii) les discours prescriptifs, (iii) les discours descriptifs et (iv) les discours publicitaires et marketing. L’accent sera ainsi mis sur la complémentarité entre ces différents types et, surtout, sur les malentendus auxquels leur exploitation non raisonnée peut conduire : on insistera, ce faisant, sur la différence de statut sémantique de bien des lexèmes utilisés qui oscillent entre termes (techniques, voire juridiques) dans les deux premiers cas de figure et « simples » lexèmes communs souvent réinterprétés sur un mode hédonique dans les deux derniers cas et on plaidera pour une prise en compte systématique des activités métaénonciatives et métalinguistiques encadrant leur emploi.

Dans un second temps, la communication s’arrêtera sur la question de la comparabilité des sources, préalable indispensable à toute visée plurilingue et/ou interculturelle. Excluant de facto toute approche reposant sur des textes traduits – ou pire encore sur des textes rédigés uniquement en anglais lingua franca – notre proposition visera à mettre en lumière les apports des corpus dits comparables (au sens de Teubert 1996), mais aussi les écueils potentiels à éviter lors de la constitution de telles ressources, en particulier celles relatives à des structurations de filière ou de secteur différentes d’une culture à une autre.